A l’occasion de la Journée Portes Ouvertes du lycée Louis Bascan, vous êtes tous conviés au débat philosophique qui aura lieu samedi 6 avril 2013 de 10h45 à 11h45 (au CDI, bâtiment F, 1er étage)
Le jour du 20 mars 2013 avait été désigné – à l’initiative d’associations militantes – Journée internationale sans viande.
Certes, elle n’a pas reçu un grand écho médiatique, en France en tout cas. En revanche, nous avons été plus attentifs aux annonces, très fréquentes durant les mois précédents, concernant la composition douteuse des plats de viande préparés par l’industrie alimentaire.
Nous nous en sommes inquiétés, mais nous oublions peu à peu ces alarmes, – comme nous oublions régulièrement, avant de nous en alarmer à nouveau, les pollutions industrielles ou le risque de catastrophes qui sont pourtant les conséquences de notre mode de vie.
Les menaces sur la qualité de ce que nous mangeons et de tout ce que nous consommons, dérangent nos habitudes, assombrissent l’horizon du progrès et bousculent nos représentations culturelles.
Nous ne savons plus comment concevoir la nature, et nous ne sommes plus très sûrs de l’aimer.
Cette mise en question prend une tournure particulièrement accentuée quand il s’agit du traitement que nous appliquons aux animaux.
Certains auteurs soulignent ce que nous perdons en humanité, quand nous nous laissons aller à la cruauté envers les animaux.
Le militantisme végétarien n’a pas attendu les derniers scandales pour alerter l’opinion.
Mais c’est vraisemblablement le livre du romancier américain, Jonathan Safran Foer, qui a donné le plus de retentissement à ces inquiétudes : Faut-il manger les animaux ?, s’exclame-t-il ; et c’est aussi ce qu’il nous demande.
Ses doutes sur les habitudes alimentaires familiales datent du jour où une baby-sitter l’interpelle ainsi : « Sais-tu que du poulet, c’est un poulet ? »
Les perplexités qui naquirent alors le conduisirent peu à peu au végétarisme et, longtemps après, à une enquête dans le monde de la production agroalimentaire.
Quant à nous, peut-être les circonstances d’un développement économique effréné nous contraindront-elles à consommer autrement : préférer des méthodes d’élevage plus artisanales ; manger d’autres animaux (des insectes) ; produire d’autres viandes – non par l’élevage animal, mais dans des laboratoires ; peut-être même apprendrons-nous résolument à nous abstenir de toute viande.
Aux philosophes cependant, et à tout citoyen, d’interroger les modalités d’une compréhension nouvelle des formes de la proximité et de l’éloignement de l’homme à l’égard de l’animal, sans attendre que la consommation de viande suive le sort des modes de production – et sans verser ni dans la sensiblerie, ni dans la violence indignée.
C’est d’une telle préoccupation que je vous invite à venir discuter.
Le débat est ouvert à tous.
E. Akamatsu, Professeur de philosophie