A l’occasion de la Journée Portes Ouvertes du lycée Louis Bascan, vous êtes tous conviés au débat philosophique qui aura lieu samedi 11 avril 2015 de 10h30 à 11h30 (au CDI, bâtiment F, 1er étage)
Depuis plusieurs siècles, la civilisation moderne peut se reconnaître à l’espoir qu’elle place dans le progrès.
Le progrès : c’est-à-dire à la fois l’amélioration des conditions de vie et la pacification des relations humaines, autrement dit la prospérité en même temps que le bonheur.
Créer une humanité saine, intelligente et heureuse, tel serait l’objectif.
Très séduisant, ce projet n’en a pas moins rencontré des difficultés qui n’ont jamais été surmontées : exploitation destructrice de la nature, inégalités persistantes et même croissantes, doute à l’égard des appartenances culturelles – grecque et romaine, par exemple – et des formes d’éducation qui leur sont liées.
Cependant, l’élan moderniste a perduré, en particulier sous la forme d’inventions techniques soutenues, en temps de paix comme en temps de guerre.
S’il est vrai que les échecs répétés de l’humanisme classique ont entaché nos représentations du progrès, le mouvement qui porte l’innovation technologique n’a pas eu de cesse.
Il n’y a pas un seul aspect de nos existences qui n’ait été bouleversé par la puissance des outillages, des machines, des automatismes créés sur la base de théories scientifiques et portés par l’intérêt des pouvoirs sociaux et politiques.
Il est dès lors tentant d’identifier le progrès aux avancées successives des moyens qu’on utilise pour le permettre.
Dans Frankenstein, ou le Prométhée moderne (1818), Mary Shelley imagine le désarroi d’une créature à laquelle la science aurait donné vie.
Dans son roman intitulé R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), l’écrivain tchèque Karel Čapek prête à un ingénieur la capacité de fabriquer des « robots » – des ouvriers artificiels et infatigables -, dont le modèle se répand au point de faire disparaître les hommes (cela dit, dans le roman, les robots découvrent l’amour et fondent un monde nouveau)…
Le mensuel Books se demandait récemment : « Les robots vont-ils nous remplacer ? ».
Pour tout dire, ce n’est pas tellement l’envahissement et la prise de pouvoir par des robots que nous avons à craindre.
C’est plutôt nous-mêmes qui, en admettant dans notre familiarité des appareils hautement automatisés, acceptons aussi de modifier nos « modes de vie », notre perception, notre vision du monde, et ainsi de les robotiser (cf. Mark Hunyadi, La tyrannie des modes de vie, Ed. Le bord de l’eau).
Si la forme humaine traditionnelle est rétive au progrès, les techniques ne seraient-elles pas capables de transformer l’homme et de le rendre apte au progrès ?
En somme, le robot ne serait-il pas l’avenir de l’homme ?
Vous êtes tous invités à en débattre !
E. Akamatsu, Professeur de philosophie