Un article rédigé par Juliette, présidente du collectif lycéen « Les Simones de Bascan ».
Cette année au lycée Louis-Bascan, les élèves en classe de Première générale section euro Espagnol ont la parole afin de lutter contre « La Violencia de Genero ». Leur professeure, la Señora Jarry, a décidé de leur livrer une séquence entière sur les violences conjugales, qu’elles touchent les femmes comme les hommes.
Des paroles et titres forts, allant de « pero lo amo », en passant par « el amor rojo », « tú crees que eres la única », ou encore l’acrostiche « mujer » ont accompagné cette séquence offerte comme chaque année.
Des élèves, mais surtout des jeunes femmes et jeunes hommes engagés dans cette lutte contre des violences qui ne devraient plus exister.
Ils veulent nous rappeler l’importance de repérer les comportements toxiques avant qu’il ne soit trop tard, ce que l’on oublie très souvent une fois la relation commencée.
Alors, les élèves se sont investis, beaucoup investis même ; ils ont fait le choix d’écrire des chansons dénonçant ces violences, car l’art est un moyen de communication parfois bien plus fort et compréhensible que les mots.
Ils ont même réalisé des clips, afin de donner des visages à leurs personnages.
Lors d’une intervention avec le collectif lycéen « Les Simones de Bascan », ils se sont également demandés comment lutter efficacement contre ce type de violence si complexe.
Cela n’est pas sans rappeler l’engagement considérable de l’Espagne, qui est par ailleurs le pays le plus engagé en termes de violences de genre.
Ils se sont alors renseignés sur les pratiques espagnoles, et se sont rendus compte qu’elles avaient permis de nombreux progrès ; ils les ont donc reproduites à l’échelle de notre établissement.
Pour mieux comprendre cette lutte si importante et les résultats espagnols, renseignons-nous un peu sur leurs techniques.
En 2017, les femmes avaient été environ 46 500 à appeler le 3919, contre 100 000 en 2020, selon l’association française Solidarités Femmes.
Le problème accroît malheureusement d’années en années, et l’une des solutions pourrait être de s’inspirer du pays le plus féministe, qui possède le plus de mouvements, campagnes de sensibilisations et lois appliquées en Espagne, et notamment la Loi-cadre de 2004, jugée par l’ONU comme efficace pour lutter contre ce problème sociétal.
|→ Des commissariats et tribunaux spécialisés
Grâce à cette loi, 380 policiers à Madrid se sont spécialisés sur la thématique de ces violences.
Tout est pensé afin d’accompagner les victimes dans leurs démarches, et ce à n’importe quel moment ; les agents peuvent même écouter les victimes sur leur lieu de travail et en civil, si cela est plus rassurant et sécurisant, compte tenu du concubinage avec la personne violente, en tout cas la plupart du temps.
En France, il y a certes la BLPF, mais pas d’unité spécialisée, ce qui explique une brigade surbookée par les pensions alimentaires et mineurs délinquants.
Néanmoins, depuis 2020, 200 000 euros de subvention sont attribués chaque année à la formation contre les violences de genre.
De plus, en Espagne, 107 tribunaux spécialisés – au niveau civil comme pénal – ont été créés afin de simplifier les procédures et mieux accompagner les victimes, ce qui est encore en expérimentation en France, mais c’est plutôt encourageant !
|→ Des bracelets antirapprochement
Ce bracelet électronique permet une protection exhaustive des victimes ; en effet, une fois le coupable condamné, il peut se voir obligé de porter un bracelet électronique à la cheville, en plus d’un portable, afin de le géolocaliser.
Si le coupable franchi le périmètre défini antérieurement – le plus souvent entre 5 et 10 kilomètres du domicile de la victime – un message est envoyé à la victime et à la police pour les prévenir.
La France s’est inspirée du dispositif en l’institutionnalisant en 2019, mais une controverse apparaît : il est impératif d’avoir l’accord de l’auteur des faits pour lui fournir ce bracelet, il est donc très peu attribué : 25 000 en Espagne en 2020, contre seulement 3 000 en France.
« Il doit être perfectionné pour éviter tout risque de bug comme cela a déjà eu lieu dans le passé, et surtout être distribué plus massivement », explique Marie-Pierre Badré.
|→ Un budget d’un milliard d’euros
De plus, un « pacte d’État » a été signé en 2017. Il garantit un budget d’un milliard d’euros sur cinq ans, qui servira uniquement à lutter contre les violences conjugales, et ce quel que soit le gouvernement au pouvoir.
En France, c’est 360 millions d’euros en 2020, plus 20 millions par rapport à 2019.
Ce budget a également pour but de prévenir le sexisme au sein des établissements scolaires ; c’est une cause très importante qui doit être poursuivie, mais qui diminue encore plus la prise en considération de ce problème en France. Cela revient à 5 euros attribués par année et par personne, contre 16 en Espagne.
Nonobstant, grâce à de nombreux mouvements virtuels comme #Metoo, la parole se libère progressivement, que ce soit pour les femmes ou pour les hommes.
Restez engagés élèves de 1G03, bravo !
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