A l’occasion de la Journée Portes Ouvertes du lycée Louis Bascan, vous êtes tous conviés au débat philosophique qui aura lieu samedi 22 avril 2017 de 10h00 à 11h30 (au CDI, bâtiment F, 1er étage)
De quels citoyens la démocratie a-t-elle besoin ?
Nous répétons volontiers la phrase selon laquelle la démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous ceux qui ont été autrefois essayés.
Une telle formule nous avertit que la démocratie nous confronte, inévitablement, à de nombreux paradoxes.
En effet, nous sommes généralement confiants en ce qu’elle nous promet : nous attendons de la démocratie qu’elle nous délivre du poids que font peser sur des populations entières les privilèges, les injustices, les exactions dont se rendent coupables d’autres régimes politiques.
Nous considérons comme normal qu’on se rallie aux institutions démocratiques telles que l’égalité dans la citoyenneté ou l’élection aux fonctions dirigeantes.
Pourtant, nous sommes désemparés lorsque nous voyons dans le monde les échecs de la démocratie et la séduction persistante des régimes anti-démocratiques.
Certes, il faut aussi attribuer ces échecs à d’autres causes que la démocratie : nous ressentons de l’effroi devant les dégâts du progrès, et la mondialisation détruit nos anciens repères.
Cependant, c’est volontiers la démocratie que nous accusons de ne pas nous protéger de ces maux et de ne pas savoir les prévenir.
Un doute nous saisit peut-être : l’histoire de la démocratie serait-elle parvenue à sa fin ?
On a souvent cru, à la fin du XXe siècle, que ses principes seraient adoptés dans le monde entier.Mais cela n’a pas été le cas.
Aux yeux du philosophe, il importe manifestement de réfléchir à ce que doit être la démocratie, et de ne pas nous reposer sur des formules habituelles.
Il n’est certes pas question de renoncer, « d’une manière générale et vague », à la démocratie, mais sans doute faut-il « renoncer à une fausse conception de la démocratie » : et pour bien travailler à la démocratie, sans doute faut-il commencer par reconnaître, dans le sentiment qu’elle est en crise, un symptôme de ses « maladies chroniques », comme l’a dit récemment un philosophe (Frédéric Worms, « Les maladies chroniques de la démocratie », DDB, 2017, p. 21).
La démocratie se présente comme une promesse universelle de liberté, d’égalité et de fraternité, et plus encore : mais il dépend des citoyens eux-mêmes que cette promesse se réalise – ou que cette promesse se retourne en son contraire.
« Les nations de nos jours ne sauraient faire que dans leur sein les conditions ne soient pas égales ; mais il dépend d’elles que l’égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, aux lumières ou à la barbarie, à la prospérité ou aux misères », disait déjà Alexis de Tocqueville (« De la démocratie en Amérique, II, in finem »).
La réalisation des promesses de la démocratie est inséparable des exigences de l’autonomie…
Débattons-en ensemble !
E. Akamatsu, Professeur de philosophie