Course en Cours – Finale France – 27 mai 2009
Mercredi 27 mai 5h20.
Zut, mon pare-brise est gelé et je ne suis pas en avance. Les journées qui viennent de s’écouler ont été longues pour tous, mais tout est prêt, rangé, emballé, regroupé, il n’y a plus qu’à mettre dans le bus.
5h45.
J’arrive au lycée, tout le monde est déjà là. Le départ est prévu à 6h.
Nous allons chercher le matériel, c’est volumineux, et même lourd : nous emmenons les grilles de stand car à la finale régionale les grilles préinstallées ne convenaient pas bien à la disposition du stand, il a fallu s’adapter. Cette fois, si ça ne convient pas, on sera paré.
Le bus nous attend devant l’entrée principale, nous lui faisons faire le tour du lycée pour venir nous chercher rue d’Arbouville et nous éviter d’avoir à porter le matériel à travers tout le lycée.
6h.
Tout est chargé, nous partons. Nous devons passer par Mantes et Courdimanche pour prendre les 2 équipes de collèges, elles aussi qualifiées pour la Finale.
L’arrivée est prévue à partir de 8h au « RENAULT Square com » à Boulogne Billancourt.
Je m’étais inquiété auprès du collègue responsable de l’organisation, 2h pour un tel trajet, ça me paraissait peu. Il m’avait rassuré en me disant que c’est la société de car, dont c’est le métier, qui gère ces problèmes et que si on arrive avec un peu de retard ce n’est pas grave, la compétition ne commençant qu’à 10h.
7h30.
Nous arrivons au collège des Plaisances à Mantes. C’est maintenant une certitude, nous ne serons pas à l’heure. Le collègue de Mantes prend le poste de copilote, objectif : choisir l’itinéraire le moins embouteillé. De Mantes il faut remonter vers Cergy-Pontoise, puis ensuite revenir vers Paris.
9h45.
Nous sommes à Chaville, il nous a fallu adapter l’itinéraire pour contourner les bouchons, toutes les autoroutes qui mènent à Paris sont bloquées.
La tension, même l’énervement, est palpable, les élèves se sont rendu compte de la situation depuis un bon moment déjà. C’est le moment que choisi le chauffeur pour nous annoncer qu’à 10h il arrêtera son bus pour une pose obligatoire de 45 min. Coup de téléphone à la société de car, explication musclée entre le chauffeur et la personne responsable du planning (170 km, le matin en région parisienne, à faire en 2h…). Pour finir le chauffeur nous rassure en nous disant qu’il va nous emmener au bout. Du coté de la société de car c’est la panique, le planning de la journée est chamboulé, les chauffeurs refusant les uns après les autres de dépasser leur temps de conduite autorisé au risque de perdre leur permis. Nous assistons à tout cela au travers des appels téléphoniques. L’onde de choc se répercutera jusqu’au soir puisqu’il nous faudra attendre plus d’1h l’arrivée de notre bus, le chauffeur étant en « coupure » puisqu’ayant épuisé son temps de conduite autorisé.
Pour finir nous arrivons vers 10h15, après un périple de plus de 4h en région parisienne.
Chaque équipe s’est informée de son planning de compétition et pour nous c’est Pierre Vitielo, tuteur étudiant de l’UVSQ, qui nous a servi de relais ; il a eu la bonne idée d’y aller par les transports en commun.
10h20.
En arrivant, il faut monter le stand.
Quentin part directement sur la première épreuve sur CATIA, à 11h c’est la présentation orale devant le jury, à 13h la course et 15h le stand, en parallèle dans l’après midi la course à élimination directe et l’épreuve chronométrée sur le logiciel CATIA.
Nous avons discuté de l’organisation, la fin du montage du stand ce sera pour après la présentation orale, il faut s’adapter, se concentrer et gérer au mieux. Les élèves sont stressés mais les 2 compétitions passées (Présélections et finale régionale) leurs ont donné de l’expérience. Ils s’organisent, ne perdent pas de temps et gèrent bien la situation.
Quentin est de retour de la première épreuve sur CATIA, il s’agissait d’une prise de contact avec le type d’exercice qui sera demandé et chronométré en fin journée.
11H.
C’est le 1er moment important de la journée.
L’équipe part pour la présentation orale. Avec leur accord et celui du jury, nous assistons à leur prestation.
Ils ont bien préparé ce moment : pochette pour chaque membre du jury avec vidéo de l’équipe sur CD, stylo « Phantom », fiche de prise de notes. Pourtant les perturbations du début de journée se font sentir, la présentation est de bonne qualité, on sent une vraie équipe avec un leader reconnu par les autres, chacun connaît son propos, mais le temps est mal maîtrisé. Le président du jury qui avait rappelé les règles avant le début de la présentation, leur demande de conclure. Petit flottement, Aurélien insiste et se fait « remettre en place », l’équipe réagit bien et conclut rapidement.
Puis ce sont les questions du jury, sur le sponsoring, sur la fabrication…Ils montrent à ce moment leur maîtrise de leur projet.
C’est bien, pas exceptionnel, mais bien.
11h30.
La voiture est partie au « parc fermé » dès notre arrivée, nous surveillons sans inquiétude le contrôle de conformité, sans surprise la voiture est contrôlée conforme.
13h.
C’est la course, le travail de l’équipe commence à se voir :
meilleur temps de course en automatique, (1,08 s ; temps stable sur tous les shoots) il faut dire qu’elle à bien progressé cette voiture tout au long de l’année et en particulier entre les finale Régionale et Nationale avec une reconception des liaisons pivots et une la maîtrise de la masse à 55gr tout juste (masse mini du règlement).
meilleur « pilote » pour Aurélien (plus rapide au déclenchement manuel)
Pendant ce temps le stand est fini, il a fallu s’adapter, les équipes de part et d’autre étant déjà installées il n’était pas question de remplacer les grilles préinstallées par les nôtres.
14h 30 environ.
Aurélien vient me voir, l’air défait, la voiture vient d’être déclassée « non-conforme » par le comité d’arbitrage.
Un collègue, vient nous exposer la position du comité d’arbitrage.
Le litige porte sur l’envergure de l’aileron avant. Nous sortons le règlement, argumentons sur l’interprétation que l’équipe en a fait, sur l’ambiguïté de deux parties du règlement, sur l’idée que si le règlement comporte une ambiguïté elle doit bénéficier à l’équipe.
Nous sommes écoutés, serons-nous entendus ?
L’équipe est sonnée, Aurélien est au plus bas, Yoann est surexcité et en veut à tout le monde, « c’est dégueulasse »… Quentin est dépité, Amaury muet, seul Nicolas semble encore présent.
Et moi qui leur ai répété toute l’année « vous n’avez pas le droit d’être non conforme », « si vous n’êtes pas conforme, vous ne pouvez pas espérer gagner quoi que ce soit ». Comment a-t-on pu prendre un tel risque ?
Je me souviens bien quand nous avons vu cet aileron pour la première fois, avec Dominique Lagirand, nous avons sorti le règlement, mais ils ont argumenté, nous nous sommes laissés convaincre trop facilement.
Vite, il faut les « remettre dedans ». Il reste encore trois épreuves dont celle du stand, essentielle.
La 1ère place est sûrement perdue, mais peut-être pas le podium, leur stand à un franc succès auprès de visiteurs, ils sont bons partout.
Nous nous y mettons tous, profs et tuteur, nous n’avons pas beaucoup de temps. Il faut les convaincre que « tant que ce n’est pas fini, ce n’est pas perdu », qu’ils doivent se reconcentrer, qu’il faut « se battre jusqu’au bout ». Petit à petit nous les voyons revenir dans la compétition.
Mais sur le fond, nous le savons, le comité d’arbitrage restera sur sa position.
15h.
Le jury arrive pour l’épreuve du stand, au même moment Aurélien doit commencer l’épreuve doit Knock-out : courses à élimination directe : 2 voitures sur la piste, la plus rapide continue, la moins rapide est éliminée et ce jusqu’à la dernière.
Petit flottement, dans l’organisation, la course de Phantom est retardée pour permettre à l’équipe de se consacrer au stand.
Ils sont là tous les 5, l’épreuve du stand débute. Ils sont de retour, les choses se passent bien, très bien même.
Au Knock-out, Aurélien est hyper concentré.
1ère course : vainqueur « Phantom », nous retenons notre souffle, mais Aurélien « est dedans ».
2ème course : vainqueur « Phantom ». J’ai l’impression qu’on entend plus que « Phantom » dans le hall de Renault square com. C’est sûrement du parti pris.
3ème course : faux départ, l’autre voiture quitte sa ligne, change de voie et se brise. En installant les voitures, les « commissaires de piste » ont croisés les fils de sécurité. Un faux départ qui sauve la voiture de Phantom d’une casse inévitable.
Interruption de la course.
« pit-stop ».
Phantom est appelée à l’épreuve du « pit-stop », épreuve, hors compétition, qui consiste en un changement virtuel des roues d’une F1, avec le logiciel CATIA.
Les candidats ont 5 min maximum, pour changer les 4 roues.
Pour Phantom, c’est Quentin, ingénieur de conception de l’équipe, qui y va.
En 2min07 c’est fait.
Meilleur temps !
Cette épreuve est récompensée en marge de la compétition et Quentin gagne un ordinateur portable.
16h.
Reprise de la course par élimination directe.
Les voitures et les pilotes sont de nouveau en place, l’équipe dont la voiture s’est brisée coure avec sa 2ème voiture.
La Phantom est la plus rapide, mais la course se fait en déclenchement manuel, il ne faut pas faire d’erreur.
Aurélien aura-t-il été déconcentré par ce nouvel aléa ?
La réponse ne tarde pas à venir : Phantom vainqueur.
Il reste les 2 autres finalistes à affronter, Aurélien ne craque pas, Phantom gagne l’épreuve.
Ils sont bien revenus, hyper motivés, hyper concentrés : de la graine de champion !
17h.
Les jurys sont allés délibérer, l’heure de vérité approche.
Tout le monde se dirige vers la salle de spectacle du Renault Square com.
La remise des prix.
Les prix de la rapidité, du marketing-sponsoring, de l’innovation sont attribués distinctement pour les lycées et collèges.
Les 1er, 2ème et 3ème prix sont attribués toutes catégories confondues.
Le principe est qu’une équipe ne peut avoir qu’un seul prix ce qui permet de récompenser un maximum d’équipes, par conséquent si une équipe a le meilleur temps de course et qu’elle a un des prix toutes catégories, le prix de la rapidité est attribué à l’équipe qui a le 2ème meilleur temps, à condition qu’elle n’ait pas déjà un autre prix.
Après les discours des institutionnels, la remise des prix commence, nous retenons notre souffle, certain que Phantom sera récompensée pour la grande qualité de son travail.
A chaque annonce d’un prix notre espoir est que Phantom ne soit pas encore appelé, ce qui signifierai qu’elle a un autre prix.
Les prix par catégorie sont passés. Phantom est-elle sur le podium, Phantom serait-elle éliminée ? Le doute s’installe.
Je m’attends à entendre appeler Phantom à tout moment, mais 3ème puis 2ème prix et pas de Phantom. Une fraction de seconde, encore le doute, puis la certitude : ILS ONT GAGNE. Ce n’est plus qu’une question de secondes.
J’entends une personne à coté de moi dans cette grande salle de spectacle du « Renault Square com » qui commente avant l’annonce du 1er prix : c’est Phantom…, pour tous ils sont les meilleurs, mais dans mon esprit empli de contradictions il y a le doute mêlé à une certitude profonde.
Le premier prix est annoncé par le représentant du ministre de l’éducation : PHANTOM !!
Ils ont GAGNE !!
Après la remise des prix, photos, interview, rangement du matériel, attente du bus et retour à Rambouillet par le chemin inverse de celui du matin à presque 23h.
Dure mais belle journée !
Cette victoire, c’est celle de 5 élèves de 1ère STI GM, motivés, dynamiques, qui se sont investis dans ce projet, qui ont su convaincre des sponsors de les aider à financer leur réussite. C’est aussi, n’en doutons pas, notre victoire à nous enseignants qui les avons formés, encadrés, soutenus toute cette année scolaire, qui leur avons transmis notre expérience, en partie tirée de notre participation à la finale internationale en Malaisie l’an dernier.
C’est aussi celle de toute la communauté scolaire, direction, administration, agents, professeurs, qui s’est mobilisée pour aider lors de l’organisation des différents évènements, en particulier pour les sélections locales.
Merci à tous.
Bravo à Aurélien, Quentin, Nicolas, Yoann, Amaury !
Prochain objectif : Finale internationale de « F1 in schools » à Abu-Dhabi fin 2010.
Pour l’équipe CeC Bascan,
Joël Huellou,
Professeur de Génie Mécanique.