Slams rédigés lors du projet « littérature et exclusion » mené en décembre 2008 avec MMes Dombrowski (documentaliste), et Masquelier (professeur de lettres). Le slameur Tidiane avait été invité à écouter et commenter les productions des élèves.
Jonathan Beaulieu
Texte (extrait) , à partir du roman de Hermann Hesse Le loup des Steppes
« J’ai envie de taper dans les murs
De montrer à quel point c’est dur
La vie dans ce monde
Faut se relever à chaque fois qu’on tombe
10 secondes à terre et t’es KO
10 secondes et tes projets tombent à l’eau
L’argent, l’amitié, l’amour parfois
Peuvent pousser un homme à faire le faux pas
Ce pas changera son destin »
Léa Le Garrec
Texte, inspiré par le récit de Jean-Louis Fournier Où on va Papa ?
« Le jour où j’ai eu mon premier enfant
Le monde s’est arrêté de tourner
Ma vie s’est effondrée entièrement
Quand j’ai sû qu’il était handicapé.
Ces choses n’arrivent qu’une fois
Qui sont souvent choisies par le destin
La vie ne m’a pas épargné
Mon second fils est aussi atteint.
Certains disent qu’ils les auraient étouffés,
D’autres que ce sont des cadeaux du ciel,
Mais aucun ne sait la difficulté
De s’en occuper même à temps partiel.
La première chose que je me suis dite
Je veux les élever normalement
Mais je ne croyais pas si difficle
De m’adapter à eux rapidement
Par exemple pour les cadeaux de noel
J’aurais aimé leur acheter des livres
Mais j’ai mis cette idée à la poubelle
Parce qu’ils ne sauront jamais lire.
Quand mes copains viennent à la maison,
Ils mes disent que mes fils ont grandi
Mais il faut que je me fasse une raison
Ils disent çà pour me faire plaisir.
(…)
Mais grâce à eux j’ai eu des avantages
Pas de dilemne entre première S ou L
Et surtout des vignettes gratuites
J’ai pû rouler en grosse américaine.
Je n’ai pas toujours été un bon père
Il me fallait une patience d’ange
Très souvent je ne les supportais guère
Malheureusement je ne suis pas un ange.
Ils m’ont quand mêm’ fait énormément rire
Et parfois oublier leur différence
Lorqu’ils faisaient tout’sortes de bêtises
Mais pas toujours involontairement.
(…)
J’ia écrit ces mots pour leur rendre hommage
Et surtout ne pas les oublier
Qu’il ne nous reste pas que leur visage
Sur une carte d’invalidité. »
William Picoux
Texte de William Picoux, Inspiré par La Chambre des officiers (roman sur les « gueules cassées » de la guerre de 14-18)
Je slame pour ces hommes balafrés, pour ces âmes défigurées, qui j’espère pourront un jour se reposer sur une beauté retrouvée.
Ils sont partis pour la guerre, on ne leur a pas laissé le choix, ils n’ont pas pu se protéger malgré leur grande foi.
Ces gueules cassées j’en ai rencontré, l’un d’eux m’a raconté son calvaire près des tranchées,
Bim, Bam, Boum ! Eclats d’obus, mon visage se décompose, je suis perdu.
Slam ! Une lame m’a transpercé, puis mon âme toute entière s’est mise à pleurer
Je me souviens aussi de ce petit lit d’hôpital, et cette pièce où l’on ne se voit que dans le regard des autres ; c’est pas ma faute je suis devenu une gueule cassée et quoiqu’on en dise ma vie s’est arrêtée »
Traoré Manké
Texte d’après L’Herbe Bleue (journal d’une jeune droguée)
« Je me croyais la personne la plus heureuse de la terre
Etait-ce hier seulement ou à des années lumières de cette terre ?
Jamais j’aurais pensé que l’herbe avait une telle odeur
Après cette soirée tout a basculé
Je pensais pouvoir arrêter
Mais tout a pris de l’ampleur
Les couleurs se mélangeaint
Je planais, j’avais chaud
Cà aurait pû m’emmener tout là-haut
Après quelques temps je reviens à la raison
Là commence ma guérison
Au centre psychiatrique
C’était la panique, un carnage,
Masi j’ai sû garder mon courage
Grâce à mon entourage »
Marion Leroy
Texte sur Béni ou le Paradis privé , roman d’Azouz Begag
« Un jeune garçon français
Dont la vie en société est très compliquée,
A 16 ans je m’intéresse à une fille
France mais elle ne ressent rien pour moi
Je suis ce jeune garçon qui vient d’Algérie
Mais l’enfant de l’ombre n’a toujours pas d’amis
Mes parents ont toujours regretté d’être venus ici
D’avoir été obligés de quitter leur pays
Mon père et mon frère prennent du plaisir à me frapper
Tant ils ont du mal à communiquer
Avec ce petit bonhomme si génial
Condamné à rester marginal…
Je m’appelle Ben Abdallah
Mais ce nom ne me plaît pas
(…)
Je veux rentrer au paradis
Mais je n’y suis pas admis
Peut-être parce que je suis Beur
Obligé de rentrer à ma demeure
Mon coeur saigne de honte
Ils viennent de m’expulser de mon conte
J’insulte leur mère
J’en peux plus de me taire
Je rentre chez moi dépité
Avec juste mes yeux pour pleurer »
Caroline Comte
texte inspiré par le livre de Howard Buten : « Quand j’avais 5 ans, je m’ai tué«
« Dans ce lieu si sûr
Enfermé entre quatre murs
Je ne cherche qu’à fuir péniblement
Tous ces médecins et ces enfants.
Des lettres, elle m’avait promis d’écrire,
Mais je n’ai jamais pû les lire,
Je en comprends toujours pas,
Pourquoi je lui ai fait çà.
Jour après jour, en en pensant qu’à tout çà,
En ne parlant que de Jessica,
Je me souviens de ce premier jour,
J’avais déjà le coeur lourd.
Un grand coeur pour noter jeune âge,
On ne pourrait tourner la page.
Ce sont tes yeux qui me l’ont dit,
Notre histoire ne peut se finir ainsi.
Ce n’est pas une histoire de folie,
Mais un roman d’amour infini,
Que je parviens à écrire sur les murs :
Rien qu’une maladie d’amour pur »