Des mésanges contre les chenilles processionnaires

Avec les beaux jours, les dix-sept hectares du parc arboré du lycée Bascan vont à nouveau accueillir cette année des chenilles processionnaires qui sortent de leur cocon.

Particulièrement vigilant aux risques sanitaires potentiels liés à la présence de poils urticants sur ces chenilles, une lutte biologique, sans produit chimique, est entreprise chaque année dans notre établissement.

Ce nouvel article fait suite à celui publié l’année dernière sur notre site : « Le retour des chenilles processionnaires du pin ».

Les actions menées par les élèves
La lutte biologique contre les chenilles processionnaires du pin s’est poursuivie cette année lors de La semaine de la Terre (du 5 au 9 mars 2018), avec un atelier fabrication de nichoirs à mésange.

C’est avec M. Mangeot, agent des espaces verts de notre établissement que les élèves en classe de Seconde enseignement d’exploration « Environnement et Développement Durable » (EDD) ont utilisé du bois de récupération pour construire ces nichoirs.

Cette action s’est prolongée le 24 mars lors de la journée portes ouvertes #ViensVoirBascan, avec la pose des nichoirs sur différents troncs d’arbres que regroupe le parc de dix-sept hectares du lycée Louis-Bascan.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche de développement durable de notre « lycée éco-responsable » : une construction collective vers une labellisation E3D.

L’explication du choix des nichoirs à mésange
Face à la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa), et la demande sociétale poussant à réduire les traitements microbiologiques aériens (ou terrestres) entrepris par l’application d’un bio-insecticide contenant une bactérie (Bacillus thuringiensis), des recherches scientifiques ont conduit à des solutions alternatives.

Dans un souci de maintenir l’équilibre écologique de notre environnement, les moyens chimiques sont à proscrire. Depuis plusieurs années, la réglementation va d’ailleurs dans ce sens. La loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, interdit :

  • le traitement aérien de produits phytopharmaceutiques (sauf dérogation ministérielle) ;
  • l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques sur une grande partie des espaces ouverts au public et gérés par des structures publiques (depuis le 1er janvier 2017).

Parmi les solutions alternatives, figurent les actions favorisant les mésanges (Parus sp.), prédateurs naturels des chenilles.

cocon_mesange.jpg
Le temps du repas.

chenille_mesange.jpg
Une mésange sur un écopiège à processionnaires.

nichoir_mesange.jpg
Une mésange sortant de son nichoir.
La mésange : un oiseau opportuniste. Elle est capable de consommer les chenilles à tous les stades larvaires et même de perforer les nids de soie pour prélever sa pitance !

Ce choix prend en compte une expérimentation scientifique menée sur des sites régulièrement infestés par la processionnaire du pin et ayant auparavant fait l’objet de campagnes quasi récurrentes de traitements bactériens contre ce ravageur depuis deux décennies.

La colonisation des nichoirs par les mésanges et la dynamique de la processionnaire du pin ont été suivies annuellement.

Résultats d’une expérimentation
Résultats d’une expérimentation réalisée par l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) sur trois sites du parc de La Brague (06), dans le département des Alpes-Maritimes.

 

Les résultats montrent une relation positive entre la densité de nichoirs et le nombre de couvées de mésanges. Dans chacun des sites, la dynamique de la processionnaire du pin (évaluée par dénombrement des nids d’hiver) est maintenue à un niveau tolérable et significativement inférieur au témoin.

L’effet prédation par la mésange, favorisé par la pose de nichoirs, semble avoir atteint l’objectif recherché de régulation biologique de ce ravageur.

C’est à partir de ces résultats que nous comptons également réduire la présence des chenilles processionnaire du pin dans le parc de notre établissement.

La lutte biologique par conservation en favorisant la nidification des mésanges
Grâce à ces nichoirs à mésange, nous comptons favoriser l’implantation de ces prédateurs naturels afin de limiter la prolifération des chenilles processionnaires sur le long terme. La mésange est en effet insensible aux poils urticants de la chenille.

Elle est capable de consommer les chenilles à tous les stades larvaires et même de perforer les nids de soie pour prélever sa pitance ! La mésange Charbonnière (Parus major) se débarrasse des poils urticants des chenilles afin de nourrir ses oisillons.

Nidification de la mésange
Nidification de la mésange – Extrait du diaporama « Connaître et gérer la processionnaire du pin tout en préservant l’environnement », par Jean-Claude Martin – INRA UEFM.

 

En hiver, la mésange peut prélever 40 chenilles par jour et au moment des couvées elle peut chasser jusqu’à 900 chenilles par jour pour se nourrir et nourrir sa progéniture.

La pose de nichoirs artificiels réutilisables d’une année sur l’autre, en vue de favoriser la nidification et donc, d’accroître la prédation des chenilles présentes, semble parfaitement adaptée au parc de notre établissement.

Le succès de l’opération est conditionné par :

  • la qualité du nichoir : l’orifice doit présenter un diamètre de 32 mm pour héberger la mésange Charbonnière et de 28 mm pour les autres espèces. Cette dimension peut augmenter au fil du temps du fait de l’usure. Si tel est le cas, alors l’oiseau cesse de fréquenter le nichoir, considérant qu’il risque d’autoriser l’entrée des prédateurs et qu’il n’assure donc plus sa sécurité ;
  • la date d’installation des nichoirs qui doit avoir lieu avant la période de nidification (début du printemps) ;
  • le nombre de nichoirs qui doit être compris entre 8 et 20 à l’hectare ;
  • l’entretien des nichoirs : le nettoyage annuel consistant à retirer les nids anciens est indispensable avant chaque hiver ;
  • la hauteur du nichoir doit préserver la couvée des prédateurs au sol ;
  • l’orientation doit être opposée aux vents dominants pour le bien être des oisillons.

Par ailleurs, dans l’objectif recherché de limitation des processionnaires, il est important de ne pas alimenter les mésanges, véritables oiseaux opportunistes.

N’oublions pas que la pose de nichoirs doit cependant être associée à d’autres méthodes de lutte alternative afin d’être encore plus efficace.

C’est l’exemple de l’utilisation de pièges exclusivement à destination des papillons mâles de la processionnaire du pin, avec diffusion d’une phéromone sexuelle de synthèse de la femelle. Épuisés de ne jamais trouver la femelle, les mâles finissent par tomber dans les pièges ou se collent sur une plaque de glu. Ainsi capturés, les mâles ne peuvent se reproduire et le nombre de pontes se trouve réduit.

Conclusion : ne pas chercher à éradiquer… mais à contrôler durablement
Gestion durable : intégration de tous les enjeux
Gestion durable : intégration de tous les enjeux.

 

C’est en intégrant tous les enjeux, que le lycée Bascan a choisi de mettre en oeuvre une stratégie ayant pour objectif le maintien d’un seuil de tolérance qui consiste à réguler biologiquement la population des processionnaires du pin tout en acceptant quelques pics de pullulation et les nuisances.

Cette protection biologique intégrée s’inscrit dans une gestion durable de notre établissement pour l’obtention d’une labellisation E3D.

Vincent Thizeau

Professeur de S.V.T.
Sciences de la vie et de la Terre
Webmestre du site du lycée Louis Bascan
|→ Découvrez l'application Android Lycbascan : « lycée mobile Louis-Bascan »
turboself esidoc monlyceenet promote pix Applications en ligne : [Turboself] - [Esidoc] - [ENT Monlycée.net] - [Pronote] - [Pix]
allemand anglais espagnol italien Portail des langues vivantes : [Allemand] - [Anglais] - [Espagnol] - [Italien]

Maroc

🌈 MAROC 2020, LE DEFI 👟🎒 Nous avons besoin de vous ! https://urlz.fr/9Sjq

Publiée par Lycée Louis Bascan – page officielle sur Lundi 27 mai 2019